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Campagne du Soldat Antoine MONADRI

59éme Régiment d'Infanterie



Antoine MONADRI est appelé à l'activité le 10 avril 1915. Il rejoint en tant que 2ème classe,le 59ème Régiment d'Infanterie qui se trouve à cette date en Champagne.

Parti le 22 avril 1915 pour la Somme, le régiment qui n’a pas été employé est réembarqué le 30 pour l’Artois où il prend le service de garde dans les tranchées de Roclincourt, le 5 mai 1915 l’ennemi enserre Arras dans une étreinte qui devient de ville. Ce sont alors les coûteuses et sanglantes journées des 9, 10, 11, 12 et 13 mai 1915.

Le 59ème doit donner l’assaut. D’un seul bloc les vagues franchissent le parapet. Et les camarades voient fondre en un clin d’oeuil, les files successives, fauchées par les mitrailleuses allemandes. Peu d’hommes arrivent aux défenses accessoires ennemies, l’attaque échoue. Une nouvelle attaque aura lieu à 16 heures. C’est le 59ème qui donnera l’assaut. 15 h 30, Le moment approche et l’ennemi, attentif, semble redoubler de vigilance comme s’il s’apprêtait à recevoir un nouveau choc. Cependant 20 minutes plus tard, les abois des 75 précisent à chacun son devoir, et à 16 heures, au cri « En avant », la première vague apparaît sur le parapet. D’un bout à l’autre de la tranchée ennemie, les mitrailleuses allemandes, toutes ensemble ouvrent le feu sur la colonne d’assaut. Les hommes sont fauchés à quelques mètres de leurs tranchées. L’attaque échoue.

Le lendemain, l’attaque est reprise. A 17h00, les gradés et les hommes sortent des tranchées pour se porter en avant. L’ennemi que rien n’a affaibli, s’acharne sur ces nouvelles cibles. A 18 heures nouvel essai, nouvel insuccès. Avec la nuit reviennent quelques survivants du massacre.

Ces efforts successifs ont épuisé les nôtres, mais affolé le commandement allemand qui renforce les lignes devant Arras et remplace les troupes fatiguées par des troupes d’élite fraîches. Aussi, quand le 11 mai, l’attaque est reprise pour la cinquième fois, dans des conditions identiques, les bataillons qui franchissent les parapets sont aussitôt pris sous le feu des mitrailleuses. Les éléments, désorganisés, sont bloqués à trente mètres du parapet de nos tranchées, s’y cramponnent un instant, mais sous le feu plus en plus violent de l’artillerie ennemie sont obligés de se replier dans la tranchée de départ.

Les pertes sont lourdes.

A 19h00, un nouvel assaut est tenté, les débris du 59ème R.I. fournissent un nouvel effort et arrachent un centaine de mètres aux mains de l’ennemi. Vient la nuit qui permet d’organiser cette conquête malgré les contre-attaques allemandes.

Ensuite, le régiment se trouvant en deuxième ligne, n’a pas à intervenir, et, pendant un mois, le régiment travaille activement à l’organisation du secteur de Chantecler. Aussi c’est avec beaucoup de regret que le régiment s’apprête à passer l’hiver dans ce secteur.



Antoine MONADRI passe au 88ème Régiment d'Infanterie le 30 novembre 1915.



A cette période le 88ème Régiment d'Infanterie est en Champagne.

A la date du 28 décembre 1915, la ligne occupée sur le front par le 88ème a été sensiblement avancée par quelques opérations heureuses des troupes voisines. Elle passe maintenant par le milieu du bois Rectangulaire, coupe la route Suippes-Perthes-les-Hurlus à quatre cents mètres environ du village et rejoint deux petits bois à l’ouest du Moulin de Fertiles.

Le 30 décembre 1915, à son tour, le régiment tente un coup de main sur la partie ouest d’une tranchée allemande établie sur la route même de Souain à Perthes-les-Hurlus. Les hommes gênés par le mauvais état des boyaux, leur petit nombre et leur étroitesse, n'ont pu déboucher en nombre suffisant. En plein tir de barrage de l’artillerie ennemie sous un feu très violent de fusils, de mitrailleuses et de grenades, cette vaillante petite troupe ne peut pas faire grand chose. La colonne, très amoindrie se replie peu après sur nos ouvrages dont les occupants subissent un bombardement très violent. L'ordre de repli leur est donné bientôt pour éviter des pertes inutiles.

Cette affaire du 30 décembre ne devait être suivie en CHAMPAGNE que d’actions très heureuses et d’éclatants succès.

Le 8 janvier 1916, on reprend cette attaque de la tranchée allemande au nord de la crête 200, appelée par nos soldats, tranchée Brune. Cette opération fut commandée et exécutée avec un superbe brio. A 14 h 30, la tranchée entière est entre nos mains.

A 4h30, la nuit, violente contre-attaque. L’ennemi débouche en formations compactes précédé de pionniers qui avancent en rampant. Nos soldats, avertis assez tôt, reçoivent les assaillants par de brusques rafales, nos mitrailleuses exécutent des feux très efficaces et en une demi-heure l'affaire est terminée. Un peu plus tard, au jour, on comptait en avant de notre front et dans nos fils de fer, plus de deux cents cadavres d’allemands.

Il nous reste à nous emparer du village même de Perthes-les-Hurlus. Le 9 janvier, l’attaque est déclenchée vers neuf heures. Malgré le tir de barrage et le feu précis des mitrailleuses, deux pelotons réussirent à se placer face à la lisière ouest du village. C’est par cette lisière qu’ils entrent dans Perthes. Les allemands dans le village furent tous pris ou tués. Le soir même, vingt-trois prisonniers étaient envoyés vers l’arrière. Le village occupé est immédiatement organisé. Nos pertes sont légères.

Ces importants succès des 8 et 9 janvier sont poursuivis et très considérablement accrus le 16 février 1916. I1 s'agit cette fois d'enlever, au nord de la côte 200 et de la tranchée Brune, un ensemble puissant d’ouvrages échelonnés en profondeur sur deux lignes principales.

A 10h00, après une très violente préparation d'artillerie, des mines préparées par nous sautent. La compagnie bondit de nouveau et saute dans l’ouvrage qu'elle doit occuper. On organise aussitôt les positions conquises et l'on fait rapprocher les compagnies de soutien et de réserve.

A 16 30, la tranchée 202 tout entière est entre nos mains. Les pertes ennemies sont dix fois supérieures aux nôtres et nous faisons près de deux cents prisonniers. L’attaque du 16 février 1916 est la dernière grande opération du 88ème en Champagne.

Dans le courant du mois suivant, le 18 mars 1916, un coup de main nous rend maîtres en avant de nos lignes d’un entonnoir que nous occupons et organisons aussitôt. Dans la suite, plusieurs brigades ou divisions de corps étrangers viennent tenter des succès qu’ils n’obtiennent pas.



l'Artois.



Le régiment a quitté son secteur de Champagne 1er avril. Jusqu’au début de mai, il se déplace dans les régions de l’Argonne et de la Meuse. En quatre étapes, il est passé par Brizeaux, Foucaucourt, Vadelaincourt, Osches, Vaubecourt et Sommaisnes. Le 11 avril au soir, dans la région de Bar-le-Duc, les bataillons sont cantonnés.

Du 11 au 21 avril 1916, le régiment stationne. Période de repos, période aussi de remise en mains et d’exercices. Le 22, le régiment s’embarque à Revigny ; il débarque à Hargicourt-Pierrepont le 23. Du 24 au 30 avril 1916, courte période de repos à Hangart et à Dommart sur-la-Luce.

Le 31 avril 1916, nouvel embarquement à Longueau, nouveau voyage, débarquement à Anvin (Pas-de-Calais) le lendemain. Dès son arrivée, le régiment se met en marche, Par Linzeux, Blangcrmont, Manin et Avesnelc-Comte, il arrive à Lattre-Saint-Quentin, où il cantonne dans la nuit du 7 au 8 mai 1916. Le 8, au milieu de la journée, les bataillons successivement se rendent à Duisans.

Dans la nuit du 8 au 9 mai, ils vont occuper leurs emplacements pour l’attaque du lendemain au nord-est d'Arras, à Roclincourt.



Roclincourt (9 mai 1916).



Le régiment doit participer à la grande offensive d’Artois. Il a pour objectif une partie des tranchées allemandes au nord-est de Roclincourt, au bas des pentes de Thélus. Cette partie des tranchées est encadrée par deux carrefours, deux noeuds de routes, en triangle, aux abords desquels de très puissants ouvrages allemands sont établis. La première vague sort tout entière. Ell parcourt cinquante mètres. Soudain, feu violent de fusils et de mitrailleuses. Les mitrailleuses qui se dévoilent sont à droite et à gauche, dans les triangles de route. Elles croisent leur tir. La vague ne s’arrête pas, mais des fractions entières tournoient et tombent. Bien peu parviennent au but. Seuls, vers la gauche, quelques essaims profitant d’une brèche sautent dans la tranchée ennemie. Ils devaient s’y maintenir jusqu’au soir et y faire même quelques prisonniers.

A 10h04, la deuxième vague, les deuxièmes pelotons s’élancent à leur tour. Pas un homme n’est resté en arrière. Le feu de l’ennemi redouble, formidable. Au tir de mousqueterie et de mitrailleuses des premières lignes s’ajoutent cette fois de violentes rafales parties d’une troisième ligne sur la hauteur. Les petites colonnes d’assaut pour la plupart sont fauchées. Quelques-unes cependant, en tout une centaine d’hommes, passent dans le barrage de feux et sautent dans la tranchée allemande. Des isolés, loin des brèches vont de l’avant quand même, jusqu’à ce qu’ils tombent. D’autres se couchent, et en rampant tentent de rejoindre nos lignes. Beaucoup restent sur place aplatis sur le sol qu'ils creusent avec leurs outils et leurs mains pour se faire un léger masque, ils ne devaient rentrer que dans la nuit.

A 10h06, le bataillon de soutien succède dans la parallèle aux bataillons partis à l’assaut et s’apprête à partir lui-même. Cette attaque nouvelle est enrayée à peu près aussitôt qu'elle est déclenchée. Et le feu de l’ennemi, d’ailleurs, ne cesse pas. Les allemands tirent sur les blessés qui cherchent à s'enfuir.

Le soir, il faut attaquer de nouveau. Coûte que coûte, il faut maintenir les effectifs qui nous font face. A 16h00, nouvel assaut. Des hommes qui sont montés à l'assaut le matin et ont échappé à la mort repartent de nouveau. Cette fois, c’est à quelques mètres de nos parapets qu’ils sont arrêtés par le même tir précis de mitrailleuses. Peu après, l'attaque est suspendue, puis arrêtée, par ordre. Nos pertes sont très lourdes.

Jusqu'au 16 juin 1916, dans le nouveau secteur de la brigade, secteur de CHANTECLER, on travaille, on remue de la terre, on s’organise, on place des défenses.

C’est l’époque des grands bombardements, ininterrompus à vrai dire pendant tout notre séjour en Artois, d’Arras et de ses faubourgs. Une seconde offensive doit avoir lieu en Artois au mois de juin.



C'est alors que Antoine MONADRI passe au 288ème Régiment d'Infanterie.



Le régiment avait quitté Reims le 23 août 1916 et débarqué à Mussey pour cantonner dans la Meuse, à Chardogne.

Il doit occuper dans les environs de Verdun un secteur qu'on dit assez calme. Le 3 septembre au matin il est bousculé par une forte attaque allemande et a perdu du terrain. Dans la nuit et le 4 septembre à 6h00, les bataillons sont enlevés en auto à Chardogne et débarqués à 15h00, à Moulin-Brûlé (3 kilomètres au sud de Verdun).

Par petits groupes, les hommes marchent dans la nuit, ils s'enfoncent dans la terre grasse qui colle. Le tir d'une batterie se dirige en plein sur la colonne invisible. En tâtonnant des pieds et des mains, les poilus s'installent dans cette boue . L'attaque qui devait être déclenchée dès l'arrivée est renvoyée au lendemain. Tandis que les obus arrosent les lignes sans guère d'intermittences, chacun améliore son trou, dresse de maigres protections en sacs à terre.

Le 5 septembre 1916 se passe dans l'attente des nouveaux assauts ennemis. Le ravin des Fontaines conduit droit au fort de Vaux : c'est la voie d'accès que les Allemands veulent conquérir pour atteindre Verdun.

Le bataillon resté à Souville le 5 eptembre au matin rejoint la ligne vers 21h00. Vers 22h00, nos pièces ouvrent u violent tir de concentration, nous avons six groupes de 75 sur 1.500 mètres du front, la riposte ne tarde pas, quoique moins nourrie, elle sème la mort dans nos trous. Au petit jour, l'artillerie française allonge le tir, c'est l'heure de l'attaque. Les trois bataillons en ligne s'élancent. Canons, minenwerfers et mitrailleuses boches font rage.

Trois assauts successifs menés avec une exaspération farouche ont été brisés net, les chefs et les hommes ont été fauch. Sur les dix sept officiers du bataillon, il en reste deux.

Le plus critique commence. L'ennemi, qui a senti le point faible, déclenche une contre attaque sur les compagnies ainsi décimées. On profite de l'arrivée de troupes fraîches pour récupérer le peu de terrain perdu. L'assaut recommence de plus en plus belle, des centaines de grenades et de violents corps à corps obligent les Allemands à reculer jusqu'à leur emplacement primitif, les éléments de droite du bataillon parviennent à atteindre les abords immédiats de la tranchée Montbrizon. Tant bien que mal, on aménage la ligne ainsi gagnée ou reconquise.

Le 7 septembre 1916, à 22 heures, la progression continue. Le Boche, puissamment retranché, résiste avec une âpreté disciplinée. La droite du 6ème bataillon occupe la tranchée Montbrizon. Le centre réalise une avance de trente à quarante mètres. Puis la fatigue, l'impuissance imposent de nouveau la trêve.

A 13 heures, ordre est donné de recommencer l'attaque pour 17.45. Mais à 14 heures, contre-ordre : l'attaque est différée. Le régiment est relevé. Nous rejoignons les casernes Marceau, puis dans la nuit du 9 au 10, nous allons cantonner à Belleray.






C'est pendant ces combats que le soldat Antoine MONADRI fut tué le 10 septembre 1916 à Vaux au Châpitre (Meuse).

Il reçoit la médaille militaire à titre posthume ainsi que la Croix de Guerre, étoile de bronze.